Contes et jardin

Vous allez vous dire qu’au niveau réactivité, ce n’est pas tout à fait ça ici … Mais je dois avouer que le mois de Septembre a été bien rempli, et plutôt chaotique (dans le bon sens du terme, s’il est possible d’en trouver un).

Revenons deux semaines en arrière, pour les Journées du Patrimoine. Comme je vous l’avais annoncé, j’ai été invitée par les Jardiniers de Maubec à venir narrer des contes du monde au Clos d’Hildegarde, le jardin médiéval de Saint Romain le Puy, le Dimanche 15 Septembre à 15h00. Et c’est donc sous un ciel menaçant, parmi les épouvantails effrayants peuplant le jardin, qu’un public relativement nombreux s’est réuni pour écouter des mythes d’ici et d’ailleurs.

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J’avais choisi quatre récits en rapport avec la nature … On va dire que le jardin était une belle source d’inspiration ! C’est ainsi que j’ai illustré et raconté les mythes de la pomme de terre et de la Kantuta, venus des Andes, ainsi que l’histoire de Sina et l’anguille, qui explique la naissance du cocotier dans les îles du Pacifique. Après ça, une courte pause, pour me permettre de respirer et de boire un coup, et pour laisser aux gens le plaisir de se promener dans le très beau jardin.

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Pour clore la séance de contes, j’avais choisi un mythe antique que j’apprécie beaucoup, celui de Proserpine, tel qu’Ovide l’a narré dans ses Métamorphoses. A la veille de l’Automne, il me semblait opportun de faire connaître l’origine légendaire des saisons, et de partager le chagrin de Cérès.

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Je ne savais pas que ce ne serait finalement pas la dernière histoire que je raconterais. A la demande générale, j’ai choisi un dernier mythe, celui de Maui, expliquant la naissance de la Nouvelle-Zélande, qui a lui aussi beaucoup plu.

Ce fut un très bel après-midi, surtout que la pluie nous a épargné juste assez longtemps pour me laisser le temps de terminer ! A refaire, si l’occasion se présente.

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Je vous parlerai bientôt de l’exposition et des rencontres avec les classes de l’école primaire et du collège de Saint Romain, là encore une très belle expérience. Mais tout d’abord, je dors un peu, et je retourne en cours !

Contes du monde au Clos d’Hildegarde

Vous êtes dans la Loire ou ses environs ce week-end ? Vous ne savez pas quoi faire dimanche après-midi ? Eh bien venez à Saint Romain le Puy, pour faire un tour au clos d’Hildegarde, le jardin médiéval, et visiter le prieuré ! Je raconterai quelques mythes et légendes à 15h00 au jardin.

À bientôt, pour quelques nouvelles concernant l’exposition, qui aura lieu dans une dizaine de jours !

Un an déjà …

Oui, il y a un an, nous décollions pour une belle aventure… C’est le bon jour, maintenant que les dates sont approuvées, pour vous présenter l’affiche de l’exposition retraçant ce périple.

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J’ai hâte de rencontrer les élèves de l’école et les autres visiteurs pour partager avec eux tout ce que j’ai pu apprendre au cours du voyage.

Kumara.

Vous souvenez-vous de la legende de l’origine de la pomme de terre que nous avons entendue a La Paz ? Pour vous rafraichir la memoire, la voici :

Un peuple pacifique des Andes fut un jour envahi par les belliqueux Karis, et tous les habitants furent reduits en esclavage. Un jeune homme nomme Choque, qui refusait de voir son peuple ainsi traite, appela les dieux a l’aide. Ceux-ci lui indiquerent qu’il devait escalader une haute montagne a proximite, s’il voulait les sauver. Il se mit alors en route, et au sommet, il rencontra un immense condor blanc, Wiracocha. Celui-ci lui offrit des graines, et lui expliqua comment les planter, et s’en nourrir : uniquement les racines de la plante pouvaient etre mangees. Choque retourna dans son village,et fit ce que le condor lui avait dit. Lorsque les Karis decouvrirent ces plantations, ils les confisquerent, firent un festin des tiges, des feuilles et des fleurs de ces plantes inconnues et ne laisserent que les racines. Ils ignoraient completement qu’ils venaient de s’empoisonner. Tous moururent, et c’est ainsi que le peuple de Choque fut de nouveau libre, et prospera encore plus grace a la nourriture abondante apportee par les racines de la plante du condor. C’est ainsi que la culture de la pomme de terre debuta.

 

Eh bien il semble que les Maoris ont aussi un mythe expliquant l’origine d’un de leurs aliments de base, la kumara, une sorte de patate douce. Selon la legende, le dieu Rongo-Maui se serait envole dans le ciel pour aller a la rencontre de son frere Wahnui, gardien de cette plante divine. Rongo-Maui la lui deroba, la cacha dans ses vetements et retourna sur terre pour y retrouver son epouse, Pani. Peu de temps apres, celle-ci tomba enceinte, et un jour, elle donna naissance a Kumara. C’est ainsi que la patate douce, si importante pour les peuples du Pacifique, fut offerte aux hommes.  

Quand on y pense, cette histoire rappelle celle de Promethee donnant le feu aux hommes, non ?

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Desolee, je suis sur un ordinateur sans accent, ni correcteur orthographique en francais…

Aotearoa

Cela fait un moment que je suis a Christchurch. Il serait peut-etre temps que je vous raconte la legende expliquant la naissance des iles formant la Nouvelle-Zelande, non ? Voyons donc ce qu’en disent les Maoris !

« Oh the great fish hook of Maui!
Manai-i-ka-lani ‘Made fast to the heavens’–its name;
An earth-twisted cord ties the hook.
Engulfed from the lofty Kauiki.
Its bait the red billed Alae,
The bird made sacred to Hina.
It sinks far down to Hawaii,
Struggling and painfully dying.
Caught is the land under the water,
Floated up, up to the surface,
But Hina hid a wing of the bird
And broke the land under the water.
Below, was the bait snatched away
And eaten at once -by the fishes,
The Ulua of the deep muddy places. »

–Chant of Kualii, about A. D. 1700.

Il y a fort longtemps, quelque part dans le Pacifique, vivait un demi-dieu nomme Maui. Pour nourrir les siens, maui et ses freres partaient souvent en mer sur leur canoe (waka) pour pecher. Maui n’etait pas un bon pecheur. Mais il etait ruse. Il parvenait toujours a subtiliser les poissons au bout des lignes de ses freres. Un jour, ceux-ci finirent par s’en rendre compte, et deciderent de se venger : ils l’empecherent de venir pecher a leurs cotes. Maui alla alors demander de l’aide aupres de sa mere, et celle-ci lui fournit un hamecon magique. Maui se cacha dans le canoe de ses freres, et lorsque ceux-ci le decouvrirent, ils se trouvaient trop loin du rivage pour le ramener : grace a ses pouvoirs – Maui etait un demi-dieu, ne l’oublions pas, il avait fait en sorte que l’ile paraisse plus eloignee qu’elle ne l’etait en realite. Alors ils continuerent a pagayer, et Maui plongea son hamecon magique en pleine mer, du bord du canoe. Apres quelques minutes, il sentit qu’il avait une touche. Mais ce n’etait pas une prise ordinaire. Ce poisson etait bien plus gros et bien plus puissant que tous ceux jamais peches dans ces eaux. Maui appela ses freres a l’aide ! Apres de longues minutes a tirer, a tirer, ils reussirent a sortir la bete de l’eau. Et a leur grande surprise, ce poisson, Te Ika a Maui (le poisson de Maui), etait une ile. Maui venait de sortir l’ile du nord de l’ocean. Il craignit alors d’avoir offense les dieux par ce geste, donc il demanda a ses freres de l’attendre pendant qu’il tentait de les apaiser. Cependant, durant l’absence de Maui, les freres commencerent a se disputer cette nouvelle terre : chacun desirait la posseder. Au cours de cette dispute, ils sortirent leurs lances, et les coups portes sur l’ile creerent les vallees et montagnes de la Nouvelle-Zelande.

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Si l’on regarde une carte de la Nouvelle-Zelande, on peut ainsi se rendre compte que l’ile du nord a la forme d’une raie, le poisson peche par Maui, et que l’ile du sud, Te Waka a Maui ressemble a un canoe, celui des freres de Maui. Enfin Stewart island, petite ile tout au sud, est connue comme Te Punga a Maui (l’ancre de Maui), car c’est grace a elle que le canoe ne s’est pas renverse.

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Et si vous vous demandez ce que signifie Aotearoa, c’est le nom maori de la Nouvelle-Zelande. Selon la legende, Kupe, un navigateur venu de Hawaiiki, terre des Maoris, aurait tue son cousin car il desirait son epouse. Il etait lui-meme marie, et pour echapper au chatiment qui lui etait reserve suite a ce crime, sa famille et lui-meme durent fuir leur ile. Apres des jours a ramer, ils decouvrirent une ile magnifique, que Hina, l’epouse de Kupe, nomma Aotearoa, la Terre du Long Nuage Blanc. Apres diverses aventures et l’exploration des multiples iles, Kupe retourna a Hawaiiki pour avertir son peuple de l’existence de cette terre riche et libre, et leur expliquer le chemin pour s’y rendre.

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Un bout de Pacifique

Et si on allait voir ce qui se raconte ailleurs pour un instant ? Pendant qu’Erika partage d’etonnants recits venus d’Asie sur le blog anglais (ici, ou la, ou la aussi), je me suis dit que vous seriez peut-etre interesses par quelques histoires venues tout droit des iles Samoa. Ce sont les enfants de l’ecole de Richmond Road a Auckland qui nous ont fait decouvrir ces beaux contes du Pacifique.

Sina ma le Tuna (Sina et l’anguille)

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Il y a fort longtemps, sur l’ile de Savai’i, vivait une petite fille nommee Sina qui avait une anguille pour animal de compagnie. L’animal habitait dans l’ocean, et tous les jours, la petite fille venait lui rendre visite, lui apporter a manger et jouer avec lui. Le temps passa ainsi, et un jour, l’anguille finit par tomber amoureux d’elle, et le lui avoua. Sina prit peur – car qui voudrait d’une anguille pour epoux ? – et s’enfuit. Ou qu’elle aille, l’anguille la suivait, et toujours l’aimait. Elle trouva refuge dans un village, et pensa s’etre enfin debarrassee de l’animal. Un matin, rassuree, elle se rendit a la source pour prendre de l’eau. Mais lorsqu’elle se pencha pour plonger son seau dans l’eau, que vit-elle ? Ce n’etait pas son reflet, mais bien l’anguille qui la regardait. Enervee, Sina se mit a crier : « Tu me regardes et tu as les yeux d’un demon ! ». Alors les hommes du village accourrurent pour l’aider. L’un d’eux, muni d’un grand couteau, trancha la tete de l’anguille. Avant de mourir, cependant, il eut le temps de dire a Sina d’enfouir sa tete dans le sol. La jeune fille l’enterra donc, et de celle-ci naquit un cocotier. Un fois que l’arbre porta des fruits, Sina cueillit une noix de coco, don de l’anguille qui l’aimait, et en but le jus. Je ne sais pas si vous l’avez remarque, mais les trois marques sur une noix de coco ressemblent a la tete d’un poisson, avec deux yeux et une bouche, d’ou l’on peut boire le jus. Ainsi, a chaque fois que Sina se nourrit du lait d’un fruit, elle embrasse l’anguille.

Cette legende raconte donc la naissance du cocotier, cet arbre si important pour les peuple du Pacifique, aussi appele l’arbre de vie. En effet, tout comme l’anguille a parcouru l’ocean inlassablement a la poursuite de Sina, sans jamais se fatiguer, une noix de coco peut voguer des semaines dans l’eau salee, et germer une fois la terre ferme retrouvee.

Pour info, il existe une lagune appelee Mata o le Alelo, « les yeux du Demon », dans le village de Matavai, sur l’ile de Savai’i, ou Sina aurait vu l’anguille pour la derniere fois.

Sina et Tinilau

Il existe de nombreuses variantes dans tout le Pacifique du recit de la relation entre le puissant Tinilau, dieu gardien des poissons et la belle Sina (qui n’est pas la meme Sina que celle du recit precedent). En voici une version :

Un jour, Tinilau rencontra la belle Sina, et rapidement, de leur union, naquit un enfant. Alors, le dieu decida de l’epouser. Lors du banquet celebrant leurs noces, l’une des autres epouses de Tinilau mangea la totalite des poissons qui devaient etre servis. Or Tinilau en imputa la faute a sa jeune epouse, Sina. Il la bannit sur le champ, l’exilant dans la foret. Des qu’il apprit la nouvelle, Lupe, le frere de la jeune femme, s’envola immediatement pour la rejoindre, plongeant le pays dans les tenebres. Il lui apportait des tapis finement brodes en guise de cadeau de mariage. En voyant son frere, Sina se mit a se plaindre du sort injuste qui s’etait abattu sur elle et du mauvais traitement qu’elle avait subi. Elle lui demanda de l’emmener loin de la. Tinilau entendit sa plainte, se repentit, et decida de la recuperer. Il tua toutes ses autres epouses, et vint a la rencontre de Lupe pour lui presenter sa requete. Se rendant compte que de nombreux pretendants venaient dans la foret pour demander la main de Sina, le dieu devint fou de jalousie. Il finit par la convaincre de revenir a lui, pour le bien de leur fils.

Une autre version raconte qu’un jour, Sina et Tinilau partirent en mer pour pecher dans un canoe. Tres vite, Tinilau sentit qu’ils avaient une belle prise, et demanda a son epouse de stabilisier le bateau pendant qu’il essayait de remonter le poisson. Mais celui-ci etait bien trop fort, et Sina trop faible pour resister. Le poisson tira le canoe jusqu’au bord de l’ile, entre les villages de  Masefau et Masausi. L’embarcation echoua sur le recif, se metamorphosa en tortue, et Sina et Tinilau se noyerent dans les vagues. Alors que le poisson s’enfuit, ils furent transformes en rochers, que l’on peut encore voir aujourd’hui. On peut encore entendre Sina et Tinilau prier pour avoir la vie sauve, chaque fois qu’une vague frappe le rivage.

Les Tortues de Tinilau

Tinilau, le dieu gardien des poissons, se deplacait toujours sur le dos de deux tortues de mer. Un jour, il se rendit chez un de ses serviteurs, Ae, un Tongien. Celui-ci supplia le dieu de lui preter les deux tortues, car il desirait vivement visiter son ile natale. Le dieu accepta, a condition qu’il en prenne grand soin. Cependant, lorsqu’il parvint aux iles Tonga, Ae appela tous ses amis, et tous ensemble, ils tuerent et mangerent les tortues de Tinilau. Le dieu, ne le voyant pas revenir, finit par suspecter son serviteur. Et il craignait fortement que ses tortues avaient ete tuees. Ce malheur lui fut revele par la vision d’une vague de sang sur le rivage. Fou de rage, il fit appel aux dieux de la vengeance, et ceux-ci, une fois la nuit tombee, se rendirent sur les iles Tonga, se saisirent d’Ae profondement endormi, et le deposerent devant la porte de Tinilau. Au chant du coq, le Tongien se reveilla , et Tinilau, de l’autre cote de la porte, commenca a lui parler, sans reveler son identite. Ae ne se mefiait de rien, se croyant toujours chez lui. Et pour cela, il n’hesitait pas a insulter son maitre, le traitant de ‘cochon’, et revela son secret : lui et ses amis avaient bel et bien devore les deux tortues. Mais lorsque le soleil commenca a eclairer les environs, Ae se rendit compte de son erreur, reconnaissant la demeure de son maitre, et terrorise, resta paralyse. Tinilau, alors, ordonna qu’on le tue, et qu’on prepare ses restes pour le repas.

Les enfants ne nous ont pas raconte exactement cette histoire concernant les tortues … Leur version, qu’ils ont nomme Lomi ma Lami, raconte comment deux tortues (peut-etre differentes de ces deux-la) ont reussi a s’enfuir sur un arc-en-ciel. le livre dont cette histoire est tiree s’appelle O le nuanua na leiloa

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Legende ancienne et conte moderne. (Parana, Argentine)

Lors de notre rencontre avec les eleves de l’ecole Normale de Parana, en Argentine, nous avons pu entendre deux histoires tres interessantes. La premiere remonte au 16e siecle : cette legende relate de quelle maniere se sont formes les thermes de Cacheuta. La seconde est un conte moderne, le Dailan Kifki, ecrit par María Elena Walsh, en 1966.

La legende de Cacheuta

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Notre histoire se déroule il y a fort longtemps, en 1532, lorsque Atahualpa s’autoproclama Grand Inca, et décida de marcher sur Cuzco pour prendre le pouvoir à la tête de l’empire. De sanglantes batailles furent nécessaires pour atteindre ce but, mais sa ténacité l’amena à diriger le peuple inca.
Ce ne fut pas une simple affaire, car au même moment, les Espagnols, mieux armés et entraînés, commençaient à conquérir ces territoires. Malgré les mises en garde, l’Inca décida de partir à leur rencontre, et cela causa sa perte. Il fut fait prisonnier, et la rançon réclamée était énorme : Ils demandèrent trois maisons remplies à ras bord d’or et d’argent. La nouvelle se répandit : les messagers se rendirent à toute vitesse à travers tout l’empire pour réunir la rançon demandée par les Espagnols.
L’un d’eux se rendit dans la vallée de Huentota, terre du chef Cacheuta, où se situe la ville de Mendoza. Le messager lui conta en détails la situation dans laquelle se trouvait Atahualpa, et lui répéta vivement qu’il lui fallait aider le Grand Inca, fils d’Inti, le dieu du Soleil. Cacheuta accepta immédiatement d’apporter son aide à sa libération. Pour cela, il convoqua tous les habitants du village, et il leur commanda de délivrer tout l’or et l’argent qu’ils possédaient. Il ordonna aussi à ses meilleurs guerriers de se préparer afin de protéger ce trésor jusqu’à ce qu’ils le délivrent aux Espagnols. Un fois cela fait, Cacheuta en tête, ils se mirent en route. Le chemin était difficile et escarpé, mais le groupe savait que le temps était compté, et avançait vaillamment à travers les Andes. Ils marchèrent toute la journée, jusque tard dans la nuit, avant de s’arrêter dans un défilé étroit. La, ils attendirent le retour d’un éclaireur, tandis que les nuages et le froid annonçaient l’arrivée imminente de la neige. Il revint en toute hâte avec de mauvaises nouvelles : un grand nombre d’ennemis armés était regroupé un peu plus en avant, prêt à les attaquer. Cacheuta l’écouta en silence, essayant de repousser l’idée qu’ils avaient été trahis. Face au danger, Cacheuta ordonna que l’on cache le tresor, tandis que la clameur des ennemis se faisait de plus en plus claire.
Enfin, ils n’eurent plus le choix et firent face à une armée qui les surpassait en nombre.
Le combat fut violent et sanglant, les hommes tombaient sous les coups de part et d’autre. Les guerriers de Cacheuta furent décimés sans pitié, malgré leur courage. Néanmoins, ils causèrent de grandes pertes dans les lignes ennemies. A l’aube, les guerriers ennemis qui étaient encore debout se mirent en quête du trésor, et le trouvèrent aisément. Tandis qu’ils tentaient de décider de quelle manière se partager le butin, un événement inattendu les surprit, ne leur laissant aucune issue pour se sauver. Tout d’abord, ils entendirent un bruit étrange; puis d’immenses jets d’eau bouillante, accompagnés de vapeur brûlante surgirent entre les pierres, et les encerclèrent. Les ennemis furent noyés et brûlés en un instant.
La légende dit que ce fut le fantôme de Cacheuta, furieux de n’avoir pas pu accomplir sa mission, qui fit bouillir les eaux du défilé. Depuis ce jour, il est dit que les eaux de Cacheuta ont le pouvoir d’alléger les maux, car elles naquirent dans un esprit de coopération, d’alliance entre les villages pour obtenir leur liberté.

Le Dailan Kifki

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Le Dailan Kifki est un elephant, qui, un jour, debarque sans prevenir devant la porte de la jeune protagoniste du conte, a Buenos Aires. Et cela va, etonnement, bouleverser sa vie et celle de sa famille, les entrainant dans de multiples aventures parfois absurdes, parfois problematiques, souvent comiques, que tous devront resoudre ensemble, avec l’aide de personnages secondaires attendrissants.

Il m’est difficile de rentrer plus en avant dans le detail du recit, les peripeties s’accumulant au cours des 48 chapitres (et le groupe racontant cette histoire ayant ete coupe par ses camarades lors de la session…). Si vous souhaitez en lire un peu plus, la totalite de l’histoire (en espagnol seulement) peut se trouver sur internet : par exemple, vous pouvez decouvrir l’ensemble des chapitres dans les archives d’un blog, entre Mai 2011 et Decembre 2011. Il vous suffit de parcourir les articles de cette periode pour trouver les diverses parties du conte, scannees, avec les illustrations accompagnant le recit.

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Il m’a donc paru interessant de voir que les enfants ont choisi ces deux recits: le premier est une legende ancienne remontant aux Incas, etiologique, expliquant l’origine d’un phenomene naturel, qui rappelle les mythes greco-romains; quant au second, conte moderne, il est lui aussi ancre dans la culture argentine, melant fantaisie et vie quotidienne d’une famille vivant dans la capitale au XXe siecle. La tradition du conte evolue et se perpetue, les themes changeant suivant les epoque, mais l’importance du recit restant egale.

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Desolee, je suis sur un ordinateur sans accent, ni correcteur orthographique en francais…

Mythes et legendes de Bolivie

Maintenant, partons a la decouverte (ou redecouverte) des histoires que nous avons eu le plaisir d’ecouter a la Paz !

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Voici quelques récits, et quelques dessins, que nous avons eu le plaisir d’entendre à La Paz. J’ai simplement retranscrit ce que les élèves avaient écrit, en corrigeant les petites fautes, et si besoin était, la syntaxe. Je dois vous dire que je n’ai pas eu de grandes modifications à faire : ils se sont vraiment appliqués ! Je vous laisse découvrir les contes de Bolivie !

Chez Lydia, par Rafaela, Alejandra, Daniela et Valeska

Chez Lydia (Rafaela Vasquez, Alejandra Alvayero, Daniela Rojas, Valeska de Cordenas)

Lydia etait la fille de deux vendeurs de fruits, et etait tres gatee. Elle ne reconnaissait pas les efforts de ses parents pour elle : elle habitait dans l’internat le plus cher de la Bolivie, elle aimait la vie facile et n’avait aucune conscience de la realite. Quand elle a fini ses etudes, elle etait tres preoccupee de sa reputation. Elle retourna voir ses parents et apprit a survivre dans le vrai monde. Elle partit travailler a la campagne et ainsi apprit a valoriser sa famille.

La légende de la Kantuta, par Annelise, Lilian, et Anvi

Légende de la Kantuta (Annelise Choque, Lilian Zeballos, Anvi Quispe)

L’Inca qui a dominé à l’époque était le plus imposant, cruel et sanguinaire de tous les Incas qui avaient régné sur l’empire. L’Inca visitait chaque année, en hiver, le sanctuaire de Copacawana. Et à cette occasion, il emmena dans ce voyage sa fille dont la beauté et la vertu s’étaient propagées dans tout l’empire. La jeune fille qui, pour la première fois, accompagnait son père dans ce long voyage, vit, à leur arrivée, au bord du lac, un beau jeune homme d’origine plébéienne dont elle tomba amoureuse. Son nom était Kento, et lui aussi, tomba amoureux de la jeune fille immédiatement. Durant tous ce voyage, ils vécurent cachés, car l’Inca n’approuverait jamais leur amour.
Un jour, des messager arrivèrent apportant des nouvelles réclamant leur retour immédiat. La princesse entendit cela, et se rendit de nuit chez Kento pour établir un plan qui empêcherait leur séparation. Malheureusement, la jeune fille tomba dans un fossé rempli de grandes épines qui la transpercèrent. Avec la rosée du matin, de nombreuses feuilles vertes germèrent sur les buissons, que les rayons du soleil éclairèrent à l’aube.
Quand on trouva le corps sans vie de la jeune fille, elle était entourée d’une plante aux fleurs inconnues, que l’on nomma Kentu-uta pankara (« maison de fleur de Kento »).
Ces fleurs représentent le vert des champs, le jaune des premiers rayons de soleil et le sang rouge vif de la noble jeune fille, qui ne disparut jamais. Kentu fit le deuil de son amour toute sa vie, et la fleur existe encore aujourd’hui, portant le nom de Kantuta. C’est la fleur nationale de Bolivie, dont le drapeau porte les mêmes couleurs.

Le Renard et le Condor, par Denise, Julia, Grecia et Paula

Le Renard et Le Condor (Denise Achata, Julia Colodro, Grecia Valdez, Paola Gutierrez)

Le Renard et Le Condor (Denise Achata, Julia Colodro, Grecia Valdez, Paola Gutierrez)

Un jour, dans les bois, un renard rencontra un condor. Il lui dit : « Tu te crois grand, en volant, non ?  »

Le condor se rapprocha du sol et repondit : « Eh bien, mon cher renard, si tu te crois meilleur que moi, faisons un pari!  »

Le renard, intrigue, demanda :  » quel pari ?  »

Le condor, d’un ton superieur, repondit : « Nous allons nous rendre au sommet de cette montagne et nous y resterons jusqu’a l’aube, et celui qui gagne mangera l’autre. »

Le renard, effraye, repondit :  » D’accord, allons-y !  »

Ainsi, ils se rendirent au sommet et s’y installerent. Plus tard, le renard demanda au condor : « Condor, es-tu toujours en vie ?  » Et il lui repondit : « Oui, je suis toujours en vie. »

Apres quelques heures, le condor demanda au renard :  » Renard, es-tu toujours en vie ?  » Et il lui repondit : « Oui, je suis toujours en vie.  » Mais d’une voix tres faible…

Toute la nuit, ils se poserent cette question, et a chaque fois, la vois du renard se faisait de plus en plus faible. Au bout d’un moment, le condor demanda : « Renard, es-tu toujours en vie ?  » Mais personne ne repondit. Le condor posa la question encore et encore, mais toujours aucune reponse. Le condor avait gagne son pari. Donc il mangea le renard. Et depuis ce jour, les renards craignent les condors, car un jour, l’un d’eux mangea l’un des leurs.

La Rue Jaen, par Arnold, Fabiana, Alfonso, et Mariana

La rue Jaen (ou La Croix Verte)

La légende raconte qu’a l’époque de la colonisation, les personnes qui étaient pendues sont passées sur la rue jusqu’à arriver à la place Murillo et faisaient des tours. Et a cette époque, les personnes qui habitaient près de la rue entendaient des carrosses et regardaient des fantômes.
Plus tard, ils ont créé une croix verte qui fit peur aux esprits de la mort.

Le chat noir et le diable, par Diana, Mariana, Natalia, Diana, Maria Paula et Ariel

Les sorcières de Bolivie disent que c’est bien d’avoir un chat noir à la maison. Pour éviter d’entrer, le chat dit au diable : « Tu ne peux pas entrer dans ma maison. » et le diable lui dit : « Oh, s’il te plaît ! » Alors, si le diable veut rentrer, le chat lui demande de compter les poils de sa queue, et quand le diable commence à compter, le chat bouge sa queue.

Le pont du diable

Le Pont du Diable (Diablada)

Le Pont du Diable (Diablada)

Nous allons raconter un petit conte sur un pont qui s’appelle le pont du diable. Ce pont se trouve à la sortie de Potosi. Potosi, c’est une ville au sud de la Bolivie très riche à cause de la montagne d’argent connue dans tout le monde, exploitée par les espagnols, qui s’appelle « Cerro Rico de Potosi ».
Un jour, un homme voulait retourner chez lui mais il ne pouvait pas parce que le pont était tombé par terre. L’homme était fâché pendant beaucoup d’heures, alors, après avoir crié et pleuré, le diable a entendu que l’homme se plaignait. Donc il lui a proposé qu’il lui donne son âme à la place de reconstruire le pont. Le diable commence à construire le pont jusqu’à ce qu’il lui manque une seule brique, car un ange s’est assis sur la brique et le diable ne pouvait pas la ramasser et l’homme s’est sauvé de donner son âme au diable.

Le pont de Potosi, par Angel, Hugo et Edwards

Il y a très longtemps, était un garçon dont l’occupation était mineur. Un jour de plus, il a décidé d’aller au Cerro rico à Potosi pour travailler, mais s’est trouvé dans une situation dangereuse et difficile. Il s’est perdu, et ne pouvait pas trouver le chemin, quand il regarde (rencontre) le diable, « le Tonton ». Il a pensé que c’était sa fin, mais il a pensé à sa famille et a pu trouver le chemin à la mine où il trouve un grand tas d’or, et il s’en alla heureux avec sa famille.

La légende de la pomme de terre, ou Wiracocha, par Pablo, Maria Cristina, Bruno et Adriana

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Wiracocha

Dans l’Altiplano, il y avait une ville prospère qui a été envahie par un empire pour 15 ans. Un jeune qui s’appelait Choque a fait l’escalade d’une montagne et il rencontre un condor blanc, qui était Wiracocha. Il a donné à Choque des graines que le peuple de Choque devait manger. C’était des racines de pomme de terre ! L’empire qui les avait envahis a mangé le fruit empoisonné et le peuple de Choque l’a vaincu.

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Article initialement publie le 2 Octobre 2012, et complete aujourd’hui.

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